samedi 12 février 2011

Vent de changement...

«I had no choice but to rethink what my teaching was about. Good things did not happen right away. Age-old wisdom tells us that thing of worth take time to achieve. This is especially true when what we seek need a change in perception.»   

«We belong to schooling traditions more than they belong to us»
   
Ralph Peterson

        Ces deux phrases se sont méritées un p'tit coup de surligneur quelque part hier soir.  Elles auront eu le mértie de me faire prendre une pause et de me dire : «Et moi, qu'est-ce que j'en pense?»

              Cette semaine, suite à une discussion animée sur la convention de gestion de notre école et sur notre plan de suivi, je suis rentrée chez moi perplexe.  Je suis demandé si la différenciation des approches de développement professionnel pourrait être possible et réalisable dans notre école.  Dans nos classe, on tente d'offrir un environnement stimulant et des moyens adaptés afin que chacun puisse progresser jusqu'au maximum de son potentiel. Serait-il possible de faire la même chose avec les profs?   Peut-on s'arrêter aux besoins des enseignants et leur offrir des moyens adéquats pour soutenir leur développement professionnel?   Certains n'ont besoin qu'on ne leur offre que du temps et que d'un budget. Ils sauront s'offrir les formations, les références, le temps pour discuter, fabriquer, expérimenter et partager leur vécu.  D'autres préfèrent qu'on leur présente les concepts à développer, qu'on leur offre les outils et qu'on les soutienne dans les modifications à apporter.  Les uns ne sont pas nécessairement meilleurs que les autres, mais les uns pourraient peut-être devenir un moteur stimulant, inspirant pour les autres.  Les uns pourraient satisfaire leur besoin de découverte et les autres, leur besoin de sécurité.

          Je pense, et c'est mon avis personnel, qu'il est un grand leurre de mettre tous les membres d'une équipe-école dans le même bateau, de procéder de la même façon avec tous, d'avoir des attentes communes pour tous.

           La mode dans ma commission scolaire est à l'échange de pratiques entre les enseignants. On se tape dans les mains en se disant que tous travaillent les stratégies de lecture parce que chaque enseignant a parlé de ce qu'il fait dans sa classe.  Mais qui va vraiment voir ce qui se passe dans la classe, dans les planifications pour s'assurer que l'enseignant a bien compris, qu'il y a réinvestissement et apprentissage chez les élèves?  C'est n'est pas parce que je te dis que j'ai lavé la vaisselle qu'elle est bien lavée... Tremper simplement les couverts dans l'eau savonneuse ne permettra pas au fromage de la lasagne de se décoller et d'assurer au prochain utilisateur de pouvoir manger sans germe...

              Je trouve qu'à certains moments en enseignement, on tombe facilement dans la pensée magique.  On a tendance à s'accrocher à des courants pédagogiques, à des modes de gestion en pensant que cela permettra maintenant d'apprendre de façon efficace. Je ne pense pas que c'est parce qu'un prof applique à la lettre les principes des 5 au quotidien que ses élèves sont de meilleurs lecteurs. Ce n'est pas seulement en permettant aux élèves de lire deux à deux, d'écouter des hitsoires qu'on leur lit et de travailler les mots de vocabulaire avec des mots croisés qu'ils deviendront automatiquement bons lecteurs et bons scripteurs...  Ce serait oublier tout l'apport important et précieux de la réflexion et de la médiation de l'enseignant dans les apprentissages de ses élèves. L'intention pédagogique doit absolument avoir l'attention première dans les actions des enseignants, me semble-t-il, avant même les considérations de gestion de classe.

              La profession de l'enseignement est complexe et exigeante. Voilà pourquoi pour moi il s'agit là d'un art.  Tous les acteurs de nos milieux de travail ne peuvent être mis dans les mêmes conditions. Sans vouloir dénigrer personne, il est utopique de s'attendre à ce que quelqu'un qui est confortable dans un rôle d'exécutant  maximise ses capacités d'analyse réflexive.  Certaines personnes ont besoin de plus de soutien, de personnes et d'outils sécurisants et il en est bien ainsi. Mais de grâce, ce fait ne doit pas nous amener à restreindre les possibilités des autres sous prétexte qu'on ne peut aller plus vite que l'équipe.  Si toute chaîne est aussi forte que son plus faible maillon, est-ce que c'est accepter qu'inévitablement que le maillon faible détermine, à jamais la condition de la chaîne? Et si on soutenait le maillon plus faible? Si on le renforçait? Si on le soutenait par une soudure ou en le plaçant différemment? Je pense bien sincèrement qu'il pourrait s'agir là d'un moyen efficace de permettre à la chaîne de continuer à jouer son rôle, tout en tenant compte de la spécifité du maillon plus «faible». 

        Je ne sais si cette réflexion est valable. Mais quand j'entends certaines de mes collègues discuter de leurs envies, de leurs désirs, de leurs questionnements, je nous souhaite sincèrement que cet enthousiasme trouve une place afin de se déployer, au profit de nos élèves.             
                  

4 commentaires:

  1. Quel beau billet. Réflexion totalement pertinente.

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  2. Je place ton billet en lien chez moi. Trop important.

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  3. Merci prof masqué de m'avoir fait aboutir ici. J'ai déjà parlé de besoins différents pour enseignants différents lors d'une formation sur la différenciation... Vous auriez dû voir le mépris dans le regard d'enseignants qui y assistaient. Les yeux dans les airs, ils se murmuraient que je n'avais rien compris. Cinq années plus tard, j'ai encore repris le même discours avec mon directeur et lors d'une réunion avec notre DG. Par souci d'équité et de solidarité, nous nous devons tous d'avancer au même pas, de la même façon, avec les mêmes compensations, avec les mêmes encâdrements s'en défendent-ils. Et moi de répondre:

    Vous savez que de cette façon, vous n'exploitez pas les talents de vos enseignants?

    J'ai cru les avoir vu baisser les yeux... mais bon... S'il le faut, je me répèterai encore et encore.

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  4. Prof masqué: Merci, merci, merci! Discutons-en. Parlons-en. Trop de profs d'exception se démotivent parce que la place à laquelle ils ont droit est trop étroite. C'est apprécié. Merci.

    AbrahamCult: Je suis contente de voir qu'il s'agit là d'une de vos préoccupations. La réaction des uns à un tel discours ne doit pas vous décourager. De grâce, répétez-vous. Pour moi, du moins, c'est important. Je vous en suis reconnaissante.

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