mercredi 1 décembre 2010

Mieux ou possible???

Certains diront que j'ai trop de temps libre.
Certains diront que je m'amuse à «couper les cheveux en quatre»...
Il y a déjà quelques semaines que je jongle avec ces deux concepts
et je vous dirais que cela a animé une discussion intéressante entre amis
dernièrement. Je pense que ma réflexion s'est amorcé suite au visionnement
du deuxième webépisode de la Déséducation sur l'inertie des profs. 

Alors, voilà la base de mon questionnement:
Un professionel fait-il de son mieux ou fait-il son possible?
Vous me direz que c'est un débat futile, que les deux expressions s'équivalent,
que sont deux façons d'exprimer la même chose...
Il m'apparaît pourtant qu'il y a une différence notable.

Pour moi, faire de son mieux est une chose individuelle, personnelle,
tandis que faire son possible est une chose collective.

Faire de son mieux, c'est ce que tout un chacun fait quotidiennement.
Préparer ses cours du mieux qu'on peut en se basant sur
le programme de formation et depuis septembre, la progression
des apprentissages. Tenir compte de la nature de la composition de
notre groupe, des besoins d'apprentissage de nos élèves,
des ressources matérielles disponibles, du temps que l'on peut y accorder.
Encadrer, user d'une gestion de classe dans laquelle nos connaissances  et
notre expertise en pédagogie peuvent s'épanouir...

Faire tout son possible, c'est essentiellement quelque chose de collectif.
C'est l'expertise de chacun, ses connaissances, ses capacités
qui sont partagés, assumés, non pas pour un profit personnel, mais dans
l'optique d'un projet commun, d'une «espérance» commune.
Ce n'est qu'ensemble qu'on peut faire tout ce qui est possible
pour nos élèves.

En écrivant ces mots, j'ai une petite pensée remplie de tendresse pour
un collègue qui s'est confié gentiment à moi ce soir.  Je le vois, depuis
le mois de septembre,  positif, à l'écoute des besoins de ses petits élèves,
de la réalité de son groupe. Je le vois être créatif pour inventer des moyens
de stimuler et rejoindre ses trois élèves allophones.  Je le vois mettre, du temps,
des heures, plein de bonne volonté. Je le vois être disponible pour les
parents, soucieux de porter un regard juste, professionnel sur ses petits protégés.
Je le vois demander de l'aide, se questionner, consulter... Malgré qu'il fasse
un travail extraordinaire, je le sens insatisfait, concerné, soucieux et surtout.... fatigué.

L'inertie des profs ne vient peut-être pas simplement du fait qu'on ne veuille
pas faire de vagues, qu'on est trop conciliant.  Avec ce que j'ai pu observer
de mes dix années d'expérience, l'inertie pourrait peut-être aussi s'expliquer
par nos vases clos. Chacun dans son petit vase, à tenter de rendre
chaque seconde et notre investissement profitable, à tenter de tout concilier
et.........malheureusement à s'essouffler.

Est-ce qu'on ne parle pas de l'ensemble des gens qui travaillent dans une école
en utilisant les termes «équipe-école»?  Dans une équipe de basket, un joueur
qui joue seul, qui monte le ballon sans faire de passe à ses coéquipiers qui seraient
peut-être mieux placer pour marquer n'est pas utile à son équipe. Un enseignant
qui «se démène comme un diable dans l'eau bénite», qui fait de son mieux, au quotidien,
doit avoir la possibilité de «faire des passes», d'obtenir un espace pour avoir
un peu de répit et obtenir aide, soutien, écoute.

À qui revient la responsabilité de s'assurer que la «magie» s'opère?
La direction de l'école. Évidemment.
Par contre, je pense que chacun doit mettre l'épaule à la roue, personnel enseignant,
comme professionnels.

Un milieu de travail où les classes sont ouvertes, où le matériel peut être partagé,
où le décloisonnement est possible, où la formation, les ressources didactiques
sont accessibles, où chacun accepte, à son rythme, de se mettre en mouvement
pour le bénéfice de tous, mais surtout des élèves.... Voilà ce qui, à mon avis,
assure que faire tout notre possible peut se concrétiser.

Voilà mon ultime souhait : que chacun fasse de son mieux dans l'objectif qu'on
puisse faire ensemble tout notre possible pour nos élèves et ainsi les aider à réussir
et à s'épanouir.

1 commentaire:

  1. Excellent billet. Coopérer avec les membres de l'équipe-école , les différents partenaires fin de mettre en place des moyens pour favoriser l'épanouissement des élèves sont des compétences professionnelles que l'enseignant doit démontrer. En tout cas elles sont au nombre des compétences que les stagiaires doivent développer en cours de formation.
    J'adore cette phrase;"Ce n'est qu'ensemble qu'on peut faire tout ce qui est possible pour nos élèves."

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